Regardez nous faire comme si vous n’existiez pas ! Et comme si cela ne suffisait pas, nous vous jetons à la face notre bonheur d’être ensemble ! Nous vous narguons de nos sourires que nous faisons étinceler comme pour en éclabousser l'humanité toute entière.

Encore un récit, encore une fanfaronnade, une fadaise, une foutrerie. Qu'une gamine de 14 ans, dépucelée de la veille, amoureuse éperdue en phase mégalomaniaque aiguë et avec les ailes que donne ce sentiment quand on le maîtrise mal, se pense invulnérable et supérieure au monde entier, au nom de ce bonheur (et du fait qu'en plus de donner sa bouche et son sexe, elle s'est faite enculer, ce qui lui confère une mégalomanie subite), passe encore. Mais qu'une femme faite, sous prétexte que son couple marche au fouet et à la badine, tienne des propos délirants tel un Leonardo Di Caprio à la proue d'un Titanic, c'est à se taper le cul par terre.

Rue Bricabrac, bdsm, arrogance

Pourquoi, par quelles circonvolutions cérébrales le bonheur (ou ce que l'on essaie de faire passer pour tel) fait écrire de telles inepties au lieu de ronronner en bienheureuse ?

Ca continue...

Cessez donc de nous regarder avec cet air empreint de jalousie.
Vous ne pourrez pas vivre ce que nous vivons.

En effet, je ne vis pas ce qu'ils vivent. Il en a été souvent question, ici et ailleurs, certains ne pensent pas que la pratique du sm fait d'eux les élites de quelque artistocratie du sexe et de la vie. La lutte des classes à l'aune du tellurisme supposé des orgasmes ! À l'instar des sumotoris dans leur pays, ils se prennent pour des dieux vivants de leur palier.
Le sm sait facilement se faire théâtre, on peut aller, si on répond aux critères du maître caviste, se faire attacher et fouetter chez M'sieur Pas Trique, dans un corset de brocart et des jupes à paniers, clic clac fera le petit oiseau pour immortaliser la scène. Et dans les clubs où l'on mate autant que l'on se montre, on organise des séances de dédicaces, qui sait.

Et puis, tant d'autres, qui ne bloguent ni ne sortent, le vivent, ce sm, avec autant d'amour mais moins de tralala (le sm peut-il être quotidien, vous avez quatre heures, personne ne parle, ne copiez pas sur le voisin). Je n'ai pas envie de vous raconter ce que nous fîmes hier soir, même si cela nous procurât grands plaisirs. D'ailleurs, ça n'avait rien d'original, c'était improvisé entre le canapé et le lit. Mais comme nous n'avons pas de sourire narquois dans le carquois, c'est entre deux rires que j'ai dû demander grâce parce que cette saleté de gel avait un composant, le parfum sans doute, qui me brûlait tandis qu'une fois sec et repu, dominamant réalisait qu'il couvait un rhume et se penchait sur le bec de l'inhalateur.

Ce matin, en partant travailler, P. avait remis son masque verrouillé de superstressé. Gamine, j'essayais de le dérider, lui tournant autour dans la rue en cherchant quelle serait la gentillesse qui lui arracherait un sourire (un de ceux qui éclaboussent l'univers d'une brillance que lui envient toutes les publicités pour dentifrice). Je l'ai remercié, sombre héros de mes nuits, de m'avoir sauvée d'un cauchemar, me prenant dans ses bras en plein sommeil et en me murmurant "c'est fini, c'est fini, tout va bien". Il a maugréé. J'ai minaudé à propos du délicieux bain qu'il avait fait couler pour accueillir mon réveil difficile. De marbre, le monsieur. Jouant mon va-tout, j'ai tenté un ultime "Tu as une queue énorme" (après tout, les hommes, il faut savoir leur parler vrai). J'ai fait plouf. J'ai tenté de me rattraper en plagiant Lady Palace. Ne dites pas "Charles Edouard, vous avez une bite de cheval" mais "Charles-Edouard, votre vigueur me laisse pantelante".

Rue Bricabrac, bdsm, arrogance

Alors, comme il a des lettres, il m'a fait remarquer que je lui faisais Le manuel de civilité pour les petites filles, mais à l'envers. Et de relire Pierre Louÿs, et notamment ce texte dont la malice pétille et l'amoralité s'éparpille, m'a fait oublier ces soumises qui veulent être maîtres du monde.
Permettez que je partage quelques miettes, c'est trop succulent pour le savourer en solo, l'intégrale est ici.

Ne racontez à personne que mademoiselle votre soeur met son traversin entre ses cuisses, se frotte contre lui et l'appelle Gaston.

Respectez donc d'abord l'hypocrisie humaine que l'on appelle aussi vertu, et ne dites jamais à un monsieur devant quinze personnes : "Montre-moi ta pine, tu verras ma fente." Il ne vous montrerait certainement pas sa pine.

Si au contraire vous vous arrangez pour être toute seule avec lui, dans un lieu où il soit certain de n'être dérangé par personne, non seulement il vous montrera sa pine, mais il ne s'opposera pas à ce que vous la suciez.

Évitez les comparaisons risquées. Ne dites pas: "Dur comme une pine, rond comme une couille, mouillé comme ma fente, salé comme du foutre, pas plus gros que mon petit bouton", et autres expressions qui ne sont pas admises par le dictionnaire de l'Académie.

Si mademoiselle votre soeur se sert plusieurs fois de votre godemiché sans vouloir vous le rendre, n'allez pas vous plaindre à vos parents. Ne comptez pas non plus sur leur esprit de justice, les jours où elle refuse de vous faire minette. Dans les deux cas vous seriez fouettée.

Edité le 2 octobre : comme Dahlia l'avait bien vu, la paonne s'est largement inspirée d'un texte du livre du couple de référence, comme je viens de le voir dans un récit qu'elle publie ce jour. Au passage, elle qualifie Monsieur Salomé de "grand homme". On a le droit de pouffer.