Rue Bricabrac, bdsm, portes, inconnu
photo Face It

Ce pourrait être un rêve récurrent qui emprunterait la forme d'une scène d'Alphaville. Un couloir, des portes. Derrière chaque porte, un tourment, un bourreau, sans doute. Les portes sont les mêmes, en tout cas vierges de tout indice. Mais l'inconnu qu'elles cachent est à chaque fois différent.
Dans les jeux bdsm, et j'insiste sur le mot jeu, l'inconnu est un acteur majeur. Il mériterait presque une majuscule pour le différencier du petit inconnu, être humain ou niaiserie. L'inconnu polymorphe dont je parle n'a ni chair, ni sang, ni coeur, ni os.
Qui ? Toi (ou un autre, qui te représente).
Quoi ? Une exquise souffrance.
Comment ? Quand ? Pourquoi ? Par qui ? L'inconnu est là. L'inconnu, cet immatériel compagnon qui dans sa besace abrite pêle-mêle bandeau, piment, silence. L'inconnu tient la chandelle, en lâche 36, souffle le frisson. L'inconnu, artificier des surprises, champion du contre-pied, coquin de la fausse piste.

(Ce soir, serais-je rudement attachée à la massive table du salon comme un papillon épinglé sur du feutre ? Vas-tu me fendre avec ton sexe ou ta main ? Me brûler à la badine ou à la bougie ?)

Mais dans un corridor, avec tant de (ou même trois seulement) portes à ma disposition, j'ai l'illusion, et le poids, du choix. Un choix en aveugle, mais un choix.
Et si la pièce est vide, vertige de damiers noirs et blancs, c'est moi qui serait en échec.

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