Rue Bricabrac, bdsm, Toni Bentley, sodomie

Une heure après qu'il est parti, elle prenait des notes. Elle a finalement écrit un livre qu'elle a conseillé à ses parents de ne pas lire. Il, c'est A-Man, un homme un vrai, ça veut dire. Il téléphonait une heure avant d'arriver. Elle achevait sa toilette intensive, préparait la pommade. Ils allaient dans la chambre, pièce du rituel. Elle offrait son cul. Il s'en allait. Une heure après, elle écrivait. «Ma reddition», dit-elle.

Ainsi commence le portrait de Toni Bentley, dans la série "Bêtes de sexe" de cette semaine, en dernière page de Libé. (Que l'on peut lire en ligne pendant encore une semaine)

Je repense, en lisant cette page, à H., qui ne m'a jamais baisée. J'avais refusé son gode, même muni d'un préservatif, il croyait que ma réluctance venait d'un souci viral, alors que je n'aurais su le laisser faire ma connaissance avec un morceau de plastique plutôt qu'un membre de chair, un beau sexe qui avait l'élégance d'être circoncis et d'un joli rose poudre.

Alors, H. militait pour l'enculade, apparemment, si mon vagin ne convenait pas à recevoir ses péniennes pénétrances (parce que les doigts, il ne s'en privait pas, musant en moi comme dans un pot de confiture), mon cul (de soumise) pouvait faire l'affaire.

Comme je n'aime pas les affaires, les petits trafics, j'ai prétexté quelque vieille blessure (authentique) et total trauma (exagéré à frôler le mensonge) pour lui refuser cette porte de sortie. Je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant d'ardeur à défendre ainsi ce lieu sans fond qui n'avait rien d'un bastion, et depuis longtemps. Je n'ai jamais eu de forteresse entre les fesses. Un sale petit comportement à la donnant-donnant, ou plutôt pas pris-pas pris.

Le jour (c'est à dire deux ou trois jours après ce soir-là) où il m'a signifié qu'il n'avait plus envie de moi, je me suis fait enculer deux fois. Par deux hommes différents (pas simultanément, faut pas pousser la double pén' dans les orties). Ce n'est sans doute ni intelligent ni intéressant, mais ça s'est passé ainsi. Ces coups de queues étaient ma minable vengeance. Quelque chose d'un peu nul et d'assez plaisant, un peu à la manière de ces paysans français pendant la guerre qui, dit-on, vidaient leurs bouteilles, accompagnant la dernière lampée de chaque d'un "encore une que les boches n'auront pas !"

Ensuite, j'ai entrepris de retrouver cette féminité dont j'ai enfin compris qu'il avait, avec mon consentement... que n'aurais-je fait pour avoir son fouet, amputée.

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