Hier, alors que nous échangions des civilités sur MSN, Maxence me dit "c'est bien beau tout ça, dauber les stephen de banlieue, railler les petits marquis, se gausser des DAFS sans syntaxe, affubler les maîtres de haillons, de milli, d'ailleurs, transformer ces pauvres dominants déjà dans le tourment en dogmateurs, mais les O, tu en fais quoi, hein, des O ? Allez ma vieille, sus aux gOurdasses !"

Rue Bricabrac, bdsm, O
Photo Fertraban

Me voilà devant ma page blanche, cherchant quoi dire sur ces O dalisques, belles O bois dormant, innOcentes, annO, O de mer, fleur d'O, et j'en oublie, j'ai même connu sur minitel un monsieur Sourcier qui cherchait son O (en tous cas, s'il ne l'a pas dénichée, il a au moins trouvé VermOt).

Dois-je ressasser qu'O est un personnage de roman, comme Hiéronomus Bosch, Ed Cercueil, Jean-Baptiste Grenouille ou San Antonio. Née de l'imagination fertile et bdsm de Pauline Réage alias Dominique Aury (sans O mais avec AU). O est une femme de papier, quelques pages arrachées à des rêves plus fous qu'une réalité frustrante, un support fait au tour à des fantasmes plus de don de soi que de sadomaso. C'est un mannequin pas vaudou dans quoi on pique des aiguilles, qu'on lacère au fouet, qu'on mène à l'abattage comme une pute de la Goutte d'Or, qui porte l'alliance au sexe. Et Roissy n'est pas un aéroport d'où un aréopage de wanabe soumises partirait au 7e ciel avec un ticket d'embarquement tamponné SS (pour Sir Stephen, ou Super Sado).

Qu'on veuille par son pseudo appâter le chaland, de la même manière que sur des tchattes vanilles, on s'appellera Chimène ou Roxane sans avoir lu Corneille ou Rostand, je comprends. Mais ces jeunes (ou moins) personnes qui se cherchent quelque analogie avec l'O fondatrice de tous les mythes ont-elles à ce point besoin d'effacer leur identité déjà pâlichOnne derrière une figure aussi emblématique qu'hypothétique ? Mettre les pieds dans l'O comme un rite de passage, s'Ornementer en routarde aguerrie, devenir la zérOïne de son histoire à venir, donner de la cOnfiture aux Stephen...
Quand on s'anOnymise O comme les ânes se nomment Martin.

O est un livre érotique, avec des passages forts et des tunnels casse-pieds, qui puise dans l'imaginaire SM autant que dans la métaphore, et même s'il a l'avantage d'être bien écrit (au contraire de ces médiocres récits qui sortent à raison d'un par an en moyenne, et qui sont torchés avec les pieds), il serait écervelé de le prendre à la lettre, fût-elle la quinzième de l'alphabet. D'ailleurs, le fer à marquer n'est pas fourni avec l'Ouvrage.
(De toute évidence, je suis plus à l'aise à tailler des croupières aux membres du clan de la race des saigneurs, qu'aux pauvres filles qui attendent le prince fouettant.)

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