Didascalies, bdsm, Rue Bricabrac
Photo Catherine Jamieson

Si le sm est une scène, et il l'est, à l'image de la vie (Monsieur de la Palisse, qui passait par ici, vient de nous confier ce scoop), plus ou moins marqué, plus ou moins théâtralisé, plus ou moins mis en scène, plus ou moins masqué, alors ce que j'y aime beaucoup, ce sont les didascalies.

Etre jouée, plus encore que jouer, telle est ma demande, j'aimerai que ce soit la seule et que les autres viennent de toi.

"Tu m'attendras, nue, à genoux, yeux bandés, tête au sol, les poignets près des chevilles, posées sur les liens que je n'aurais plus qu'à attacher."

Le sm, au moins théâtral qu'il puisse être, n'en reste pas moins ritualisé. Il a ses us et ses costumes.

"Je veux te trouver seulement vêtue de tes bas et de ton harnais."

Et ses accessoires, nombreux.

"Tu déposeras sur la table basse le paddle, le single tail, le chat, la cravache, la badine et le martinet de latex. Chaque instrument sera numéroté."

Très nombreux.

"Des pinces aux seins tu auras pris soin d'attacher. Et à ton cou, je verrai briller ton collier."

Les didascalies sont ce qui fait de toi le metteur en scène, mais pas de moi l'actrice. Je ne prends que la pose, j'attends que tu m'oses. Je ne veux pas agir, acter, allumer. Je veux être manipulée. Je veux aller là où me murmurent les didascalies. Je ne veux qu'elles comme pensées.

"La porte est entrouverte, l'appartement plongé dans le noir. Tu es au centre de ta chambre, une bougie à la main. À la cire qui aura coulé sur tes doigts, je saurais que tu l'a allumée à temps."

Je les entends, je les lis, ces didascalies. Elle me servent de ferry. Par elles, je passe du monde quotidien, vanille, laborieux, stressé, à celui plus piquant, cérémoniel, sexuel et bdsm. J'entre, peut-être pas sur scène, mais en sm. Les disdascalies sont mon escalier pour cet autre ciel.
Je pourrais être nue, tes didascalies m'habillent et me protègent.

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