Mange-moi
Cannibale, animal, on
est mal, je t'aime je te mange, je fusionne par chair interposée, je
bois dans ton verre, je connais tes pensées, tu grignotes mon épiderme,
je deviens tienne.
Cannibale, c'est plus de la balle que vampire, connoté parasite, qui
prosélyte, suce toutes canines dehors sa proie (souvent vierge, ce qui
relève de nos jours du rêve le plus fou) avant de l'abandonner
exsangue à l'errance éternelle. Un cannibale, pas Hannibal, il
a de l'amour à revendre, à voler et à donner, à échanger
et à boulotter. Peut-être est-ce pour cela qu'il les aime un peu
boulottes, girondes pour mieux tourner autour, l'aile ou la fesse, l'échine
ou le nichon, la hanche ou le jambon.
Il ficelle des proies comme un rôti, et pour égarer l'ennemi,
il nomme cela shibari. Elle rira la dernière, l'amour attaché,
c'est celui qu'elle préfère, l'anthropophage ne lui fait pas
peur, elle est boulimique de ses coups de dents.
Mes tétons en apéro, qui roulent entre tes dents, ta langue fera
office de glaçon. Liqueur blanche de plaisir, consommé velouté,
ta bouche, symétrique à la mienne qui te bâfre, hampe de
chair happée comme une gelati à deux boules. Nous ne nous ferons
pas de sushis, après tout, c'est pour de faux, nous ne sommes pas piranhas,
même si parfois, le cramé l'emporte sur le braisé, sous
tes mots crus, je cuis, cuisses rôties et côtes meurtries.
Cochon de lait qui s'en dédie, sois mon indien et je te taillerai une
plume, squaw appliquée et vorace. Croque-madame moi, monsieur. Sur l'air
d'Alouette, becte-moi des lobes aux orteils.
Je mijote, fais-moi revenir et sauter encore, j'aime fricoter avec toi.
J'ai faim.
Selon certaines études, ce lundi serait le jour le plus déprimant de l'année. J'espère avoir contribué à alléger un peu l'ambiance.
lundi 23 janvier 2006 / 2 grains de sel