Ces derniers jours, j'ai lu beaucoup de témoignages, de récits vécus (ou présentés comme tels) de soumises. Mon mauvais fond avait encore pris le dessus, et j'étais décidée à collationner les clichés comme enfant je le faisais des porte-clefs. Je ne m'excepte pas des manieuses de clichés, puisqu'ils sont à l'écriture, hélas, ce que les bouses sont à la nature, un élément contournable mais dans quoi on flanque parfois le pied, et là, ça colle et ça pue. Chercher (et trouver) ceux des autres permettant peut-être d'éradiquer les siens.

La moisson a été bonne, si j'avais un peu de talent informatique, je pourrais en faire un générateur aléatoire de récit vécu comme si on y était. Des témoignages comme du patinage, les figures sont imposées. J'y reviendrai sous peu.

Rue Bricabrac, SIDA, capote, bdsm

Il se trouve que demain, c'est la journée mondiale de lutte contre le SIDA. Les parisiens seront particulièrement gâtés puisque les crispants mais multimédiatisés Shirley et Dino participeront à l'opération café-capote. Ou alors aller à la manif organisée par Act Up. Pour les autres, il reste le pharmacien ou la pharmacienne, et les préservatifs à 0,20 €.
Les capotes. Le backbaring. La prévention. Les relapses. Les statistiques. L'information.
Je lis ces récits, il y est question de puits remplis de foutre, de sperme qui dégouline hors d'un cul défoncé, qui coule le long de cuisses comblées, de gang-bangs avec des inconnus. Je ne parle pas des éjaculations faciales (et de deux !), sans trop de risque sauf si le visage est celui de Scarface juste après le passage du coupe-chou ou d'un ado à l'acné explosée. Il y a sans doute, j'espère, une question de licence poétique. Arrêter net un récit comme on le fait pendant l'acte pour signifier qu'il "enfile avec des gestes secs et habiles un condom nervuré parfumé à la menthe, pinçant le réservoir entre son pouce et son index avant de me les tendre à lécher, si doux ses doigts qui savent se faire inquisiteurs", mentionner que l'on fellationne une queue au bon goût de plastique tiède, ou parler de la peur bleue qu'on a eue quand, après un enfilage pas piqué des hannetons, "il m'a retournée, exhibant son dard magnifique coiffé d'une chemise de Vénus bicolore qui lui faisait le gland violet comme quelque maladie exotique et excitante, forcément excitante...". Et je ne vous raconte pas le femidom, sorte de sac poubelle vaginal, coincé au fond comme un diaphragme, retourné sur le minou comme un naperon, dont le seul avantage est de pouvoir se mettre en place quelques heures avant un rapport, et de laisser à la femme la responsabilité donc l'assurance de sa protection.

Demain, c'est la journée mondiale de lutte contre le SIDA, mais cette saloperie, c'est tous les jours. Alors qu'on oublie de mentionner la capote dans les "témoignages" (quoique, on pourrait écrire comme John B.Root met un point d'honneur à filmer, avec latex), soit, mais pas dans la vie.

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