Mais les voiles (Parce que je le veux bien) vendredi 18 novembre 2005
Avant d'en arriver aux sujets qui fâchent, quand on parle du voile,
il y a l'érotisme. Pas forcément consensuel non plus, ce voile-là sait
se révéler sensuel. Nous (les femmes chattes ou chiennes, soumises
ou maso, sub ou kajira) jouons dans une cour où nos hommes sont souvent
voyeurs et nous aiment plus que nues, au-delà d'ouvertes, exposées,
forcées, écartées, spéculées (oui, je sais...),
bref, exhibées. Pour leurs yeux seuls, pour ceux des autres, sujets
de désir devenus objets de fierté (quand pas objets tout court,
question de goût, de couleur, de saison, d'envie, d'opportunité).
Combien demandent cette nudité (parfois parée de deux ou trois
accessoires fétiches de base, talons, bas, collier, plug...) dès
la première rencontre, dès avant (tu m'attendras etc.) ou la
provoquent très vite, pour la gêne, pour leur plaisir.
Je me prépare, tu me dépares.
Mais combien aussi connaissent ce trouble du presque vu, de l'entrevu, du
promis mais pas tout de suite, de l'échantillon aguicheur. A poil, Salomé n'aurait
jamais obtenu la tête de Jokanaan. Au bout de sept voiles, c'était
dans la poche, ou plutôt, sur un plateau. T'obliger à m'éplucher
pour trouver la peau, à ébouriffer trop de tissu, à fouiller
soie et mousseline, c'est comme te faire monter l'escalier, ce meilleur moment
de l'amour. Je me cache, un peu, si peu, pour mieux me découvrir, pour
mieux te laisser me découvrir. Le vêtement, le voile, c'est le
papier autour du cadeau, la pochette crissante de la surprise scellée.
Certains très beaux bondages font bien comprendre qu'il suffit de cacher
ceci pour mieux révéler cela. Dans cette optique, non seulement
j'accepte le voile, mais encore je le réclame.
Pour nous, je prend le voile, le chanvre, le cuir, le satin...
Le voile peut aussi me permettre de voir sans être vue, il se fait alors
masque ou voilette, éventail à la rigueur. Il met mon visage
dans le flou, et ne laissera voir que ce que je cache à la ville, mon
corps. On ne me reconnaîtra pas, il ne figure pas sur mes pièces
d'identité, il ne fait pas partie de ma façade sociale, il est comme un pseudonyme qui recouvre mon patronyme. Si un
jour, je devais aller à une soirée, dans un club, ce ne serait
pas à visage découvert. Qui sait même, tellement peu voyeuse
que je suis, si je ne voudrais pas avoir aussi les yeux bandés. Comme
les enfants, ce que je ne vois pas ne peut pas m'atteindre. Surtout, je n'ai
aucune envie d'être le témoin des regards des autres sur moi,
fussent-ils appréciateurs. (Je ne reviendrai pas sur les bienfaits du
bandeau qui dans les jeux de cire ou de fouet potentialise la surprise, attise
la peur, renforce les sensations et m'isole dans un monde où je suis
seule.)
Le voile ici est transparent.
(À suivre...)
Tags du billet : bdsm , bondage , Craig Morey , voile
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Par Bricabrac / Publié dans # Humeur
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