Rue Bricabrac, bdsm, photo, R.C. Horsch, Lily's Offer
Lily's Offer © R.C.Horsch

Court vêtue, largement déshabillée, si la pose est espiègle, le regard est implorant. Lily ne dit pas non, Lily prie s'il te plaît. Ceci est mon cul, ceux-là sont mes seins, viens y mettre la main, au moins. Bien plus que les deux mains, j'espère. Lily n'a pas envie de faire tapisserie, de rester en plan, face au mur, avec sa peau découverte autant d'albâtre que sa chemise est neige.

Combien de temps faut-il à une femme, masochiste, soumise, masoumiste, soumachise, qu'importent les mots, une femme qui a envie qu'on lui mette le corps en fusion, qu'on lui tanne la peau, qu'on la marque de la paume, qu'on la fesse, qu'on la fouette, qu'on la tawse, qu'on la badine, qu'on la canne, qu'on l'enflamme, pour pouvoir, sereinement, royalement, souriante, ravie, prendre cette pose. Sans qu'on l'y oblige.

Dans mes fantasmes de jeune fille vierge de tout geste sm mais pas de fantasmes, je ne pouvais imaginer la scène que contrainte et forcée. Il me fallait un corps à corps belliqueux, des prises et des clés, mille raisons en plus de la pure force physique, il fallait que je perde la partie, et que la volée tant espérée prenne la forme d'une punition infligée. Seule ma jouissance (ou en tous cas ses prémices liquides) rappellera la réalité de mon désir inavoué. Et cet aveu, verbal, était à nouveau sujet à extorsion, moulue sous les coups, je murmurais un "j'aime ça".

Le temps passe, la honte aussi, celle de dévoiler ses fesses (car en sm, c'est le pile qui y passe avant le face) pour la première fois à un inconnu percutant qui va en prendre, un peu maquignon, la mesure, flatter les rotondondités, évaluer la souplesse avant de claquer pour briser la glace. La jeune fille, sans abandonner sa boîte à fantasme et ses doux aveux pliants sous la dureté du châtiment, devient une femme qui vit en harmonie avec ses envies. Et comme Lily, elle sait lever ses jupes, déchirer son décolleté et se proposer, simplement, sans réticences ni exigences, à celui qui a su la mater.
Oui, tout de même, il y aura eu, d'une manière ou d'une autre, à un moment ou un autre, dans la genèse de la relation, un combat. Et la contrainte sera toujours la bienvenue.

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