L'une des raisons pour lesquelles je vais un jour arrêter de lire (sauf par amitié, évidemment) les blogues bdsm, du moins ceux de femmes soumises et masochistes (style "moi, mon con, ses aiguilles"), en tous cas, proches de mes préoccupations, de mon univers, c'est qu'on s'aperçoit, après le chaleureux réconfort à n'être pas seule dans son coin avec ses désirs et ses plaisirs, la confrontation des regads et des rêves, qu'on nage toutes dans la même mare, et qu'on raconte, avec plus ou moins de synchronicité, les mêmes choses. (Chacun est libre de trouver ce raisonnement idiot, à ce compte, les cordonniers marcheraient nu-pieds et les écrivains ne liraient aucun livre. J'assume.) Et on imagine la barbe que ce doit être pour le lecteur. (Déjà que j'ai parfois l'impression de radoter, alors quand je me rends compte que je ne suis que l'écho sonore d'une miniplanète montée en boucle... ça tétumesce mon ego en un rien de temps.)

Au point, la microcosmique studette, que via le cache de Google, incapable de garder un secret celui-là !, j'ai lu sur un forum le questionnement peu existentiel d'un participant, relayant l'info qu'un drapeau sm avait été inventé, dévoilé (jolie action, pour un drapeau, dévoiler le drapeau... envoiler plutôt) quelque part à une convention, sur la côte Ouest peut-être. L'homme demandait laquelle de nous quatre (Aurora, Mélie, Naybuleuse et moi-même), je cite tel quel, allait en parler en premier, en première. Comme si nous étions les bloggy girl de quelque hulky bdsm, à tirer le fil des mêmes infos et à se tirer des bourres comme le font les magazines féminins pour avoir la bonne couv' et le bon sujet avant les autres. Sans chercher à penser que derrière tout blog, qu'il soit d'une jeune geek ou d'une vieille photographe amatrice, il y a une personnalité qui a envie de s'exprimer, et qui ne chasse pas le scoop le soir à la veillée. Juste un narcissisme en jachère et qui a trouvé un clavier sur son chemin. Et que la société de l'information, surtout quand elle prend l'autoroute, butine fatalement le même miel. Comme tout organe d'information. La situation en Louisianne est tragiquement identique quel que soit le media. Ce qui change, c'est l'angle de traitement, le point de vue, la singularité de chacun.

Cuffz by Linz, Rue Bricabrac, bdsm, menottes

Donc retour à la mare (qui parfois devient marigot, comme ces piscines japonaises quand trop de monde s'y baigne). Et aux sac menottes puisque c'est de cela qu'il s'agit. Outre le site qui en fait commerce, ces minaudières ou besaces atame en diable, je les ai vu ici, et , comme quoi, le people a précédé le sm sur ce coup là... et les petites fourmis sm ont suivi leur reine. Donc, à l'image de tout un tas de blogs bdsm et vanilles, j'y vais de ma note d'humeur sur ces - assez vilains à y regarder de près (mais laids de toutes les couleurs et de toutes les matières, ce qui finit par être fascinant... dans le genre Dynasty meets Dallas, pas étonnant que la très distinguée Paris Hilton pose avec...), sacs.

Cuffz by Linz, Rue Bricabrac, bdsm, menottes

Cuffz by Linz, Rue Bricabrac, bdsm, menottes

Fashionista, j'adore les sacs à main, j'en ai une collection. Mais le Oh Bondage ! (c'est son nom), n'aura jamais sa place à mon poignet ni à mon épaule. Pour ne rien aimer tant qu'être attachée, je suis définitivement allergique aux menottes (mais donne moi du chanvre, du coton, des chaînes, ta cravate, de la soie qui brûle...). Même si, à sa manière, je ne crois que le jeu de mot ne marche qu'en français, il est cohérent, ce moche sac. Sac à main, sac à menotte, puisque c'est ainsi qu'on parle des mains, surtout aux enfants. Les menottes, c'est quelque chose qui n'appartient pas à ma mappemonde érotique. C'est un accessoire de répression, un insigne de police, un ustensile de vigile, une décoration de faf. Les menottes appartiennent à ceux qui tabassent Rodney King, qui jettent (il y a 44 ans, qu'on s'en souvienne toujours) des algériens à la Seine, qui prennent le train dans une sale aube, en uniforme, avec un type blême, ainsi entravé entre eux. Je suis partiale ? Oui. La police est nécessaire à une démocratie ? Sans aucun doute. Mais je ne bat pas la campagne électorale. Ce sac ne me renvoie pas, avec un clin d'oeil coquin, au sexe et à mes goûts. Il me parle des forçats, il me parle des keufs, il me parle de répression. A ce sac, j'ai envie de dire mort aux vaches (ça tombe bien, il est en cuir).

A quoi ça tient tout de même...

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