L'été dernier, la reprise de Tatouage de Yasuzo Masumura donnait un coup de projecteur à ce cinéaste connu des seuls amateurs. Son sens sinueux de la perversion est inoubliable. Pour les parisiens et les rennais, pour le moment, deux autres somptueux Masumura sortent, Passion et La bête aveugle.

Passion-© Zootrope Films

Passion (d'après Tanizaki) est tissé autour de la toxique égérie Ayako Wakao, perfection d'ambiguïté, cruelle créature aux airs angéliques qui se sert de sa séduction comme d'une arme létale. Il y a des regards, il y a de la manipulation, il y a du sadisme, le vrai, celui qui bousille les âmes. Mais en dehors de ce personnage de femme très libre, et maîtresse de son désir, rareté pour l'époque et la région, ce n'est pas un Masumura indispensable, juste nécessaire.

La bête aveugle-© Zootrope Films

Beaucoup plus dans les thèmes qui nous passionnent, c'est à dire le plaisir dans la souffrance, La bête aveugle (d'après la encore un roman, cette fois-ci de Edogawa Rampo, Masumura qui avait comme ami de lycée Mishima, a un goût très sûr en matière de choix littéraires) franchit un pas de plus dans la cruauté et le cannibalisme. Conte carnivore sur le narcissisme, une mannequine (non plus Ayako Wakao mais Mako Midori, au look très Marie Quant) qui n'existe (et ne jouit, sans doute) que du regard des autres, est kidnappée par un sculpteur aveugle (qui habite chez maman et dans un décor fellinien/saint-phallien). Mais ses mains ont des yeux, et savent trop bien morceler les corps. Il y a quelque chose de terriblement érotique dans les rapports entre le modèle et l'artiste, on le sait. Mais ici, c'est tordu, malade, paroxistique, infiniment sensuel, c'est l'érotisme vu comme une tubéreuse venimeuse qui exhale ses parfums, ses poisons.

Marebito - © Celluloid FilmsSortie nationale en revanche pour un nippon plus mineur mais qui explore les mondes de la peur et du voyeurisme, sur le mode de l'horreur et du surnaturel, Marebito de Takashi Shimizu. Juste en guise d'apéro.

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