Inside

Hier soir, nous étions tous deux, pour des raisons différentes et extérieures, froissés, flippés, fatigués. Avec pourtant l'envie de nous coller, câliner, cocooner.

Tu m'as dit "Ce soir, tu t'occupes de moi". Je suis une masseuse nulle, mais nue, tout de suite, mes affleurements peuvent devenir plus intéressants. Nos vêtements ont volé plus vite que jamais, nous n'avons pas sacrifé à nos rituels de déshabillage enchevêtrés de préludes divers. Droit au but, enfin, awalpé.

A croupeton sur toi, ou allongée sur ton dos, surfant sur ta queue ou en vagues douces de tes mollets à tes omoplates, j'ai assoupli chacun de tes muscles, sauf un. Geisha d'opérette plus que Butterfly d'opéra, je papillonnais sur toi, chaque pouce de ma peau contre la tienne, mon corps comme s'il était une main, plusieurs mains de gentille pieuvre.

Il n'y pas eu de coups, de chaînes, de cravache. Tu me l'as fait remarquer, ensuite, avant que les soucis ne reprennent le dessus sur la sensualité. Etais-tu étonné que je puisse jouir d'un rapport vanille ? Ta surprise venait-elle de notre capacité mutuelle à la jouer missionnaire, ou presque ?

Je ne sais à quoi tu penses quand nous nous faisons l'amour. Ni quand nous nous envolons dans le essème. Nous nous parlons, bien sûr, mais est-ce que notre cinéma intime en est pour autant dévoilé...

Pour toi, deux plans séquences secrets de cette soirée là.

Quand tes doigts, pinces si adroites, encrabent mes tétons et me transportent, je me vois enchaînée à une table dure et massive, écartelée, triturée par tes doigts, lançant en vain le bassin en avant, ouvrant mon sexe dégoulinant comme pour demander du renfort et de l'attention, rêvant de serrer les cuisses, vainement. Et tes doigts, toujours, qui foxtrottent sur mes seins, encore et toujours, à l'infini ou presque, jusqu'à ce que j'en jouisse comme jamais, dans un cri de stupéfaction et de jubilation.

Quand emmêlés dans cette position de siamois culbutos, nous nous dévorons à pleine bouche, je m'imagine attachée à toi, mes bras à tes cuisses, taille à taille, mes pieds menottés l'un à l'autre sous ton oreiller, tes bras qui me cambrent à l'extrême, et notre complice P., armé de la redoutable mais comme inventée pour cette occasion, cuiller africaine, qui rythme sur ce joufflu tambour le tempo de son choix, et là encore, je jouis de ce parfait mélange de saveurs extrêmes.