Oeiltigre

Ta tête dans mon cou, tes yeux mi-clos (quatre cinquième clos, oui !), ton souffle, ta chaleur. C'est le petit matin, le réveil paisible, dans une douceur suave.
Je te caresse, du bout des doigts, la tête, le dos, je fais des O, des 8, tu te détends, le sommeil va te reprendre.

Contre mes flancs, je sens ta queue bouger. Je te regarde, tes yeux sont ouverts, fixes, tu couves, tu mijotes, tu réfrènes.

Pas pour longtemps. Des dents dans mon épaule, une griffure sur mon poignet. Les hostilités ont le feu vert.

Je te repousse, tu te rebiffes, je m'échappe, tu rouspètes, je me glisse, tu te tends, je te contre, tu t'allonges. De mes cuisses, de mes coudes, j'éloigne la menace, je prends le dessus, tu acceptes le dessous.

A rebrousse-poil sous le menton, en arpèges sur ton ventre offert, encore un peu sur mes gardes, je fais tomber la tienne. Et tu aimes ça, à croire que ton attaque n'était là que pour savourer ce moment où, renversé, muselé par le cercle de mon pouce et de mon index, pattes en l'air, griffes sur le chemin du retour, tu subirais, faux fauve, des caresses de chaton.

Il y a des jours où je me demande si mon chat, catégorisé dans le rôle de mâle dominant, n'est pas un peu maso, lui aussi.