Vat'fer4

Un site de maître ! Deux sites de millimaîtres ! De la denrée rare, au contraire des sites de dominas - vénales ou bénévoles - qui sont légions. C'est une aubaine, battons l'affaire pendant qu'elle est chaude.
Pour des commodités sémantiques, j'appellerai respectivement les coupables Maître Truc et Maître Machin.

Hélas, on n'a pas encore pénétré dans l'antre de la bête (des bêtes, devrait-on dire au vu des surprises orthographiques qui m'ont cueillie) que ça commence mal.
Chez Maître Truc, le parisien, "on" m'avertit que si je veux "bénéficier" (sic, on sent déjà poindre un je ne sais quoi de suffisance chez le gazier) de ce site, je dois impérativement configurer mon écran en 1024x768. Les gros lamers qui en ont une petite, je parle de matrice active évidemment, peuvent passer leur chemin, notre double mètre ne s'offre pas à la piétaille.
Maître Machin, le provincial, est nettement plus urbain puisqu'un bandeau déroulant souhaite une bonne navigation.

en aparté
L'avantage du web, c'est que les étalons peuvent se construire à peu de frais (et dans le cas présent sans aucun soin) un petit Sèvres rien qu'à eux.

Je ne configure évidemment rien pour pénétrer dans la page donjon de Maître Truc, et là, abomination et javascript, la fenêtre se la pète et occupe tout l'écran (et le mien sans avoir la plus grosse, exhibe sans fierté mais en diagonale ses 20" bien plats). La prochaine fois, Maître Truc aurait avantage à trouver une soumise qui cause couramment html et css, et qui danse la java. Et si c'est une soumise qui lui a concocté cette bouse, il s'agit de la fouetter d'importance en l'obligeant à apprendre par coeur ça et ça (par exemple).
Maître Machin lui aussi a cédé aux sirènes de FrontPage (un produit Microsoft™ qui gerbe du code mal branlé et ne respecte pas le quart des standards), mais ce qui lui fait le plus défaut, encore plus qu'à son homologue parigot (qui pourtant met un "s" à mille), c'est un bon correcteur orthographique et grammatical, une soumise institutrice et un Bescherelle. Puisqu'il se vante de posséder un "cheptel", il devrait trouver cela. Surtout, quelques visites chez le psy ne lui ferait pas de mal tant il semble avoir des problèmes avec le féminin : "commence par m'envoyé ton CV avec photos (obligatoire) du soumis que tu penses être." tandis que son donjon est qualifié de "conviviale" et les plaisirs de "subtiles". Allô, oncle Sigmund ?

Dans une écriture gothique sur fond parchemin tamponné d'un blason d'opérette, ton sur ton avec sa cave, située au coeur de la capitale et équipé avec le plus grand soin, Maître Truc nous distribue le programme. Une rubrique sur deux étant encore en chantier, à défaut de savoir qui est le propriétaire et ce qu'il pense (mais pense-t-il ?), on passe rapidement sur une présentation en forme d'auto-tressage de laurier (en gros, le bonhomme est une pointure qui fleure bon des dessous de bras) pour feuilleter des photos maisons, enfin, donjon. C'est à peu près aussi excitant et explicite qu'une brochure Blairtours.
Même profusion d'images chez Maître Machin, dont on ne saura rien de plus non plus, mais dans des tons rouges et noirs, sans doute en référence à sa chanteuse fétiche, Jeanne Mas. Au contraire de Maître Truc, Maître Machin ne s'efface pas derrière ses soumises et sa photo figure en bonne place.

Chez Maître Machin, il y a des petites annonces, ce qui part d'un bon sentiment. Chez Maître Truc, à part un appel au peuple pour que des messieurs lui présentent leur "jolie soumise", il y a une bibliographie. Soupir. Autopromo 1 / Littérature 0. De l'abondante production littéraire sm, que croyez-vous que Maître Truc ait retenu ? Trois minces livres, chacun écrit par une soumise "exceptionnelle" (normal, les bons ouvriers ont de bons outils) qu'il a eue sous la main (ou autour de la main, selon les pratiques).

Trêve de billevesées et d'ophioglossie. C'est facile de se moquer des faibles. C'est mal. Mea culpa, mais c'était trop tentant...

Ce qui est, sinon grave du moins ennuyeux à mes yeux, c'est que les nanomaîtres suscités, dont l'un est une "référence" en la matière (on risque d'en reparler bientôt, la rumeur éditoriale murmure depuis des mois qu'il a des mémoires sous presse), c'est l'idée du sm qu'ils envoient. Un sm de grand-guignol, mécanique, collectionneur, caricatural, grotesque. Un sm de catalogue de pratiques et d'accessoires. Un sm que même une Christine Boutin ou un Philippe de Villiers décriraient avec plus de finesse. Quand je suis tombée (c'est le mot) sur l'un et l'autre site, à quelques jours d'intervalle qui plus est, j'ai cru à une parodie.

Si c'est ça l'image du sm, je suis contente d'être floue et myope.