On a commencé à se douter de la sensibilité sm de la télé (les responsables des unités de divertissements ayant sans doute trop vu de films de gladiateurs) avec Le maillon faible. Cet exercice collectif d'humiliation publique où une domina inflexible (Laurence Boccolini qui n'arrive hélas pas à la cheville de son modèle anglais, la très surveillante générale Anne Robinson), accoutrée comme la méchante reine de La Belle au bois dormant, reproduit le schéma de la sélection naturelle en éliminant les graines de losers, ou plutôt, en les faisant éliminer par leurs camarades de jeu, ce qui est nettement plus tordu. Devant sa télé, le point d'Audimat rote en trouvant succulent de se moquer de celui qui répond "les pommes de terre" à "quel est le plat préféré d'Obélix".

La même chaîne, celle qui n'en a qu'une et qui s'est donnée pour mission de vendre du temps de cerveau disponible à des boissons gazeuses d'outre atlantique, rempile avec La première compagnie, un produit cette fois-ci copié sur la télévision américaine (à noter que dans l'original Boot Camp, ça gueulait autrement plus fort, Full Metal Jacket oblige, que chez nos guyanais d'occasion). Une bande de demi-people, dont deux belles paires de silicones (effet Pamela Anderson garanti dès l'amorce d'une petite foulée et certainement réjouissant à la moindre humidité du tee-shirt), qu'on aurait oublié si on les avait jamais connus, et qui avant d'être rien n'étaient pas grand chose (sauf Jean-Pierre Castaldi qui a tourné une fois dans un film de Mika Kaurismaki que personne n'a vu, au contraire de Fort Boyard), jouent aux petits soldats sous l'autorité d'un retraité de l'armée française, laquelle ayant refusé, avec une intelligence toute militaire, de cautionner cette émission (comme on dit à propos de fluides corporels, ce qui tombe bien, parce qu'on est plus près des latrines que des lucarnes), oblige l'adjudant amélioré (qui en d'autres lieux pourrait être conseiller d'éducation ou DRH) de se tailler un costume dans les stocks de la Royale Armée British. Le commandant Tapioca (en vérité il s'appelle Delarue, et comme son intelligence est elle aussi militaire, il a besoin pour prononcer une phrase plus longue que "Gaaaarde ààààà 'ous" d'une oreillette, comme son éponyme patronymique Jean-Luc) est assisté de deux ex-mirlitaire à la musculature dopée à la Kro, un ex-GIGN et un ex-légionnaire. L'idée étant de faire prononcer le plus souvent possible des "oui chef" aux "recrues". Ce "oui, chef" , ironiquement, semble être une forme de pub indirecte pour une émission fraîchement terminée de la 6 (avec qui TF1 se tire régulièrement des bourres), concept lui aussi inspiré de quelque carton anglo-saxon, mais où les bleubites étaient des zyva et le chef un toqué, qui justement, coquetterie de jeune coq, jouait le maître queux sans toque, la mèche photogénique. Et gueulait haut et fort.

La gueulante, ça doit être ça le concept. Perso, je préfère la goualante. Ou la gouaille.

Tout cette cacophonie arrivant après le sinistre Pensionnat de Chavagnes (M6 ayant pompé, enfin, moyennant pépètes, sur les anglais, qui en matière d'éducation sont des spécialistes) et son certificat d'étude à la dure, je me demande si toutes ces tévéréalités furieusement réactionnaires ne sont pas destinées à faire imprimer à un maximum de neurones imbibés de la boisson gazeuse susmentionnée (ou d'un pastis des familles, ou du verre de rouquin "citoyen" préconisé par nos pinardiers paniqués) que la schlague, y a que ça de vrai pour obtenir du résultat.

Quand je pense que le cahier des charges de Canal + qui autorise un porno un samedi par mois (plus les rediffs) balise soigneusement les contenu d'icelui, interdisant notamment toute séquence sm (entre autres). Forcément, le sm, joyeux jeu de couple (ou plus) consentant et orgasmique, ça fait tache, même dans l'univers cinématographique cochon. Tandis que mater une pépée défraîchie et pleurnicharde qui a chanté des odes à Mickey faire des pompes ou reluquer un humoriste pas drôle de la gadoue plein le museau et des ampoules aux panards, c'est autrement plus respectueux de la personne humaine.