Coudre

C'est par ce petit bout de phrase, une baguette de coudre souple et dur, que "La guerre des boutons" est devenu l'un de mes livres cultes. Je relisais sans fin pour mieux en rêver avec faim, le passage où l'un des écoliers était attaché à un arbre. Avant d'y être fouetté. Avec une baguette de coudre souple et dur. J'ignorais tout du coudre, je ne savais pas grand chose des arbres et mes envies se faisaient soudainement sylvestres (comme elles devenaient maritimes à la vue des films de pirates).

(Qu'on n'aille pas croire que je n'ai abordé la littérature que sous l'angle d'un quelconque rapport avec mes aspirations sexuelles, mais des phrases comme cette baguette de coudre souple et dur continuent de danser longtemps après. Hors de tout fétichisme, "La guerre des boutons" est un livre à mettre sous tous les yeux enfantins, comme "Zazie dans le métro" et "Le petit prince". Mais je m'égare dans les moutons des autres, là...)

Souple et dur, n'est-ce pas très exactement ce qu'on attend d'un instrument de châtiment ? Même s'il faut chercher le souple dans un long paddle de cuir et le dur dans un épais battoir de bois, pour qu'en fin de compte, peau cinglée et muscles endoloris, les termes de l'oxymore soient réconciliés.

Une baguette de coudre souple et dure... Aujourd'hui, je sais ce qu'est le coudre (un noisetier), mon cul en a taté, il en est sorti tanné, mais je n'ai encore jamais été attachée à un arbre ni fouettée en forêt. C'est sans doute pour cela que tourne dans ma tête comme un mantra kamasutresque cette baguette de coudre souple et dur.