Rue Bricabrac

Comment être SM dans un monde de BD ? (Sur les planches)

smdansbd

La proximité du festival d'Angoulême (terminé hier par le sacre du roi Georges, Aurora dit très bien tout ce qu'il faut à ce propos) et l'impossibilité de renoncer à un jeu de mots, sans même parler d'une tendance lourde à la procrastination, me font me pencher aujourd'hui sur les bulles (avant d'aller en coincer une) pour une balade sur les planches.

Je salue bien bas et en pole position la grand-mère de toutes les soumises (et maîtresses, puisque la douce est en sévère compagnie) de papier, Gwendoline, portée sur le papier Canson par John Willie et qui a nourrit (jusqu'au gavage) mes fantasmes adolescents.

Guido Crepax, illustrateur de Justine, Juliette et Histoire d'O et Milo Manara, qui prêta ses sensuels pinceaux à L'art de la fessée, sont ses dauphins. Inutile de dire que l'ensemble de leurs bandes dessinées sont plus que recommandables, et que l'érotisme, dans le coup de crayon avant même le coup de fouet, est présent dans chaque trait.

Guerrières, racées, vénéneuses, délétères, parfois létales, on trouve des dames peu gentes chez Enrico Marini ou Alphonso Azpiri. Mangeuses d'hommes tendance pin up ou heavy metal.

Peut-être moins sm mais fasciné par les courbes callipyges, Paolo Eleuteri Serpieri et lees deux Georges, Pichard et Bess, donnent envie d'offrir moult poignées de bonheur (autre manière de parler de main au panier) à leurs héroïnes de chair plus que d'os, pulpeuses, charnues, lippues, mammelues, voluptueuses et pneumatiques.

Toutes les images sont la propriété de Albin Michel, Azpiri & Editions, Bagheera, Dargaud, Humanoïdes associés, Losfeld, Vents d'Ouest.



Comment être BD dans un monde SM ?

BDdansSM

(La proximité d'Angoulême n'aura échappé à personne, mais il faut toutefois entendre ce bd comme bondée et dominée.)

Quelqu'un me disait un jour qu'il faisait une différence cardinale entre femme fouettée et femme battue. Une fois celle-ci faite, il se sentait parfaitement à l'aise dans sa pratique du bdsm. Il a sans aucun doute raison.

Parfois pourtant, je ne peux m'empêcher de me sentir en décalage.
Comment vivre paisiblement et pleinement des pulsions sado-masochistes dans un univers de domination, d'oppression, d'aliénation, d'humiliation ? Les rapports de travail sont sous ces dieux lares en ion, les DRH semblant les seuls vrais successeurs du marquis de Sade et le baron MEDEF, un Elizabeth Bathory au masculin qui se repaît des sangs prolétaires. Les rapports de pouvoir (sociaux, amoureux, politiques, laborieux...) sont de plus en plus cruels, les coups pleuvent (maladies, licenciements, deuils, accidents...), la société explose d'une violence extrême. On en a bien plus qu'on ne peut en supporter, la coupe est pleine, alors comment, dans le huis-clos des chambres à coucher (ou les espaces plus ou moins feutrés des clubs spécialisés) s'en va-t-on reproduire ces schémas sans réfléchir ni soutenir la comparaison. (Et sans que le vase ne déborde à gros bouillons.)

Avec cette circonspection, ce mal à l'aise, je deale à ma façon, en me servant, c'est dérisoire, des pattes de devant, généralement, avec des piètres écrans de fumée. La méthode coué est éculée, le mantra serine "je suis libre, je suis libérée, j'ai du libre-arbitre à revendre, je le veux volontiers".
Alors que pour certains, la fiche signalétique du parfait dominant doit inclure une queue de taille plus que moyenne et une variété de pratiques proche de l'exhaustivité, j'aurais tendance à les préférer membres bienfaiteurs d'Amnesty et compagnons de route des féministes.
Très loin des fantaisies à la "Village People", il m'est difficilement (quand pas impossiblement, définitivement) envisageable de jouer avec un flic, un mirlitaire, un émule de l'affront national. Les jeux de rôles, en soubrette ou écolière, avec fouille au corps ou matonneries prisonnières, me laissent de marbre (ou me plongent dans une hilarité louche). Je veux même pas évoquer les fantasmagories à la "Portier de nuit", parce que là, je risque de m'énerver, ce qui n'est plus de mon âge. Ou de vomir. Ou d'éructer. Ou de montrer du doigt.
Tout ce qui se rapproche plus d'un rapport des Nations-Unies sur la torture que d'un traité d'érotisme me repousse.

Vous me direz qu'il ne reste plus grand choses si les femmes en cages me rappellent les prisons d'Asie et les bidules électriques la gégène.
Il reste des continents entiers, tout est à inventer. C'est refuser Pinochet pour embrasser Bataille, c'est cracher sur les menottes glaciales pour aller quérir certaine corde sensuelle. Et puis partager ces trésors sensuels avec quinconque abominera les mêmes clichés (lequel cliché n'est finalement jamais que dans l'oeil de celui qui regarde, donc tout cela est éminemment subjectif et privé).

Je suis tombée (n'en déplaise à nos amis arbitres des élégances sado, maso et associées) dans la marmite bdsm toute petite (voir les épisodes précédents). Ca n'occulte pas la vigilance.

On pourrait dire ça n'a rien à voir, si seulement cela n'avait effectivement rien à voir. Un Jimini Cricket qui n'a pas sa langue sans sa poche et qui me taraude jusque dans mes rêves/cauchemars me répète que ça a tout à voir, et de jouer les yeux bandés (de dentelle et velours ou de nylon compagnie aérienne) n'est pas une manière d'évacuer le problème. Si j'ai si longtemps refusé de regarder mon corps meurtri, mes fesses pollockisées, mon échine mordue, mes poignets irrités, mes lèvres enflées, c'était sûrement par peur de voir en face ces connotations.

Hier encore, collier canin au cou, cuir aux chevilles, pinces aux seins, cet attirail relié par une chaîne trop courte qui ajoutait à la torture en m'obligeant à des positions peu glorieuses, je jouissais par tous les orifices, pores inclus.

Je commencerais doucettement à être en paix avec les références ? Presque... puisqu'elles me reviennent encore et toujours.

Alors que je sais qu'il y a un monde entre un oeil au beurre noir et des bleus au cul.



Culomancie

Ce n'est point charitable de se moquer de son prochain, mais comme le ridicule met un temps fou à tuer, Jacqueline Stallone ne sentira aucune de mes piques. Ce qui est un peu dommage.
Cette dame étasunienne lit, non pas dans les paumes, c'est un commun, il suffit d'arpenter Venice Beach pour en trouver quinze par mile, mais sur les culs.
Si, si. Après l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, voici la dame qui lisait à livre ouvert sur les joues arrières.
Elle a du culot, pensez-vous !
Et comment.

Il faut visiter son site, c'est édifiant, avec la tranche de poilade en prime, éloignez les claviers, il y a du dommage collatéral dans l'air. (Avec toutefois un mauvais point, ce ouaibe plante Firefox, ce qui est mal.) Jackie, le plus sérieusement du monde, en se référant aux plus antiques arts divinatoires qui lisent passé, présent et futur dans les mains, pieds et empreintes digitales (sic), affirme qu'il en est de même des plis et lignes du derrière. Surtout concernant l'amour et la chance.
D'où l'expression avoir du pot.
Sûrement.

Continuons de rire avec Jacqueline. L'empreinte de la fesse gauche correspondant au cerveau droit (et donc la gauche le droit), et la peau cartographiant avec précision notre santé et notre mental, il est urgent de lui expédier un gros plan de notre fondement, en 800 pixels de large minimum.
La vérité est bel et bien ailleurs, Mulder avait raison.
En plus de sa lecture éclairée des révélations du train arrière, la dame renvoie une photo 21x29,7 du sujet de ses inspirations que l'on pourra, si affinités, "offrir à la personne de son choix". (Tu parles d'un cadeau !)

A lire sa biographie, on apprend la genèse de cette culomancie. Ou comment une athlète spécialiste des barres assymétriques puis de la musculation (grâce à un ami de la famille) a découvert qu'elle avait une mission sur terre par la voix d'un medium (un ami de la famille, non pas le même, un autre). Il lui a prédit qu'elle devait devenir astrologue/voyeuse, pardon voyante.
Et qu'elle en aurait le cul bordé de nouilles ?

Après le name dropping, cette sosie de Joan Collins (ou serait-ce de Michael Jackson) invente le cul dropping. (Toutes les illustrations proviennent de son site, ce n'est pas un montage moqueur de la bloblagueuse.)

Je me demande ce que cette culomancienne, après avoir confessé le PDG à 500 plaques et la célèbre maxé hollywoodienne, trouverait à deviner et diviner si on lui adressait ces mains sur fesses magnifiquement saisies par Patrick George.

Elles sont si vivantes, si excitantes, si éclatantes, ces photos (et il est vivement conseillé se promener dans ses galeries, notamment celle des "signatures"), qu'en même temps que le rouge des paumes saute aux yeux, on entend le bruit clair de la claque.



Ta race !

En lisant, en parlant avec elles aussi, de ci de lˆ des témoignages d'autres femmes qui vivent au quotidien ou en séances virtuelles, lˆ n'est pas le propos, le bdsm, je lis, j'entends, souvent le mot seigneur, venant qualifier leur compagnon, bourreau, amant, complice, camarade de jeu, bref leur ma”tre, les deux substantifs étant le plus souvent accolés dans l'expression seigneur et ma”tre, des fois que seigneur tout court ne soit pas suffisant).

Suffisant. C'est bien de suffisance qu'il s'agit. Je ne sais rien des seigneurs, étant née dans un monde où les suzerains sont remplacés par les patrons et où les royaumes n'ont plus vraiment court. Les royaumes, c'est le capital, maintenant, et si certains ont encore cour (insérer ici quelques mesures du God save the Queen) c'est avec conseil des ministres et fonctionnement tout ˆ fait démoncratique. Seigneur, ˆ ce qu'il me semble (car je suis toujours aussi mécréante que la dernière fois), c'est une des manières qu'ont les religions monothéistes de se référer ˆ dieu. Cela fait beaucoup pour un seul homme... eût-il lu Histoire d'O et sût-il manier la tawse . D'ailleurs, la problématique est double. Il y a l'homme qui se fait appeler Seigneur, avec un S majuscule comme dans Salaud (au hasard) et il y a la femme qui affuble, parfois de son plein gré et avec un enthousiasme galopant, son bonhomme de ce Seigneur, toujours avec un S majuscule comme dans Sa Sainteté. A quoi pensent-ils ? Quelle volupté et quels signifiés recouvrent ce mot ? La barbarie est loin, mais le seigneur, c'était celui qui avait droit de vie et de mort, non ? (Alors en effet, c'est bien un dieu au petit pied, qui s'occupait aussi de la collecte des imp™ts, déjˆ le capital). Et la dame qui se place ainsi sous l'autorité surnaturelle de monsieur seigneur, faut-il entendre qu'elle se vit comme son royaume ? Le seigneurité infuserait-elle par capillarité, contaminant l'esclave au passage ?

Forcément, quand on parle seigneur, une fois qu'on a éliminé le tentant mais trop jeu de mot laid saigneur, c'est ˆ la race des seigneurs qu'on pense, surtout en ces jours où l'actualité nous les remet en mémoire. Comme les tentatives de la mettre en place, cette supposée race surtout garce, ont échoué, autant s'autoproclamer, ou se faire proclamer seigneur. Elle m'appelle Seigneur (avec un S majuscule comme dans Simplet), c'est donc que je le suis. Et que j'agis comme tel, même quand je vais chercher mes clopes au tabac du coin. Quant ˆ madame, porteuse du Sceau Sacré de Son Suzerain Souverain voire Siffleur (just whistle, elle lui a dit en coulant un regard engageant), fatalement, elle fait aussi partie de la garce, je veux dire de la farce, enfin bref, du goulash rance seigneuriseigneura.

Sachant que seigneur fait souvent la paire avec ma”tre. Faut il alors penser que le refrain de L'internationale a été écrit avec la clairvoyance des futurs excès de langage des couples qui naviguent entre Sade et Masoch ? (Insérer ici quelques secondes de Ni dieu ni ma”tre, ni césar ni tribun.)

Les américains avec leur dom et sub, top et bottom ont peut-être réglé le problème. En ce qui me concerne, bottom, ça me va bien, c'est très précisément ce que je surexpose le plus jouissivement dans mes jeux.

(À suivre prochainement, dans le cadre de mes existentielles pas essentielles interrogations sur les hiatus entre mes pratiques et mon éthique, mon idéologie et ce que je reçois comme infos brouillées de la planète bdsm.)



Ses jambes (Pierre Molinier)

Molinier

Corps contorsionnés, cuisses par dessus tête, hommes en femmes, le peintre photographe Pierre Molinier était son propre modèle et exposait ses fantasmes à l'aide du montage et de la retouche.

Surréaliste très sexué, avant-gardiste du body art, queer pas quelconque, on peut se laisser troubler (et même acheter) par ses photomontages à la galerie A l'enseigne des Oudin, 58, rue Quincampoix à Paris.

Incollable et passionné, le galeriste sait mieux que personne raconter ce qui se tramait au dessus des jambes gainées de soie noire.

"Mes Jambes... 1955 - 1975" est présentée jusqu'à fin mars.



Devenir soie même

Page sans titre

Comme quasi-quotidiennement, je me promène sur les sentes buissonnières des autoroutes de l'information, partie pour chercher une archive du Monde ou commander une zappette universelle, arrivée au centre d'une mine d'images qui relancent le moulin fantasmatique à la vitesse d'une éolienne sous la tramontane.

Et au détour des peintures de Marc Sainteul (également sculpteur et bijoutier, si l'on peut appeler ainsi celui qui invente bagues, colliers et diadèmes d'esclaves), je tombe sur ces foulards. On y sent le fouet et le tatouage, clairement, comme si Hermès avait décidé de faire une collection "suaire meets tribe".

J'en entends déjà qui se disent que ça y est, à force de parler d'atelier de macramé/pompons, j'ai pété un plomb et je me lance dans la peinture sur soie, en essayant de faire croire à des cohortes d'âmes innocentes que c'est la dernière perversion sexy. Et bien non.

Je ne m'intéresse à la peinture sur soie, que depuis quelques jours, depuis que j'ai découvert que sous la soie, il y a une femme, cul (recouvert de soie vierge) offert, chavirée sur un tabouret, et que le fouet qui la flagelle est composé de baguettes (souples et dures n'en doutons pas) recouvertes de peinture.

Le commentaire parle de l'abnégation du modèle. Personnellement, si Marc Sainteul cherche un derrière rieur et jubilant, je lui propose ma croupe dont les courbes donneront certainement une répartition différente de la couleur. Proposition sans abnégation. Mais sérieuse.



Soulevez-moi !

Jupette

Une fois encore, oublions le côté petite fille pas sage, Annie aime les sucettes et autres lolitesqueries et lolippoperies.


© Little Miss Anastasia

Concentrons-nous sur la jupe. Ou plutôt la jupette (rien à voir avec Al1 juP, tel que le bordelais ex Premier ministre se nomme sur son blogue). Si l'on peut dire. Les lambeaux de tulle autour de la taille. Ce n'est pas mini, ce n'est pas micro non plus. On a connu des patineuses plus monacales et des petits rats moins retroussés. Ce n'est plus un vêtement, même pas un bout de panoplie de pom-pom girl, c'est de l'agace-pissette à fond les ballons.

Car cette jupette, appelons-là ainsi pour les commodités de la communication, n'est là que pour une et une seule raison : désigner les fesses qu'elle ne fait même pas semblant de masquer. De tous ses volants, elle crie "soulevez-moi" (et non pas arrachez-moi qui est la revendication de la jupe moulante au genou). Elle ne recouvre rien, elle ne réchauffe rien, elle est juste là pour que chacun des protagonistes, la porteuse et le punisseur, aient l'immense délectation de se faire trousser pour l'une, de soulever pour l'autre.

Rebiquez-moi, recoquillez-moi, retournez-moi, voilà ce qu'elle réclame, cette jupette impudente, militante de la beauté du geste. Et je ne vois pas comment on pourrait lui dire non.



Une baguette de coudre souple et dur

Coudre

C'est par ce petit bout de phrase, une baguette de coudre souple et dur, que "La guerre des boutons" est devenu l'un de mes livres cultes. Je relisais sans fin pour mieux en rêver avec faim, le passage où l'un des écoliers était attaché à un arbre. Avant d'y être fouetté. Avec une baguette de coudre souple et dur. J'ignorais tout du coudre, je ne savais pas grand chose des arbres et mes envies se faisaient soudainement sylvestres (comme elles devenaient maritimes à la vue des films de pirates).

(Qu'on n'aille pas croire que je n'ai abordé la littérature que sous l'angle d'un quelconque rapport avec mes aspirations sexuelles, mais des phrases comme cette baguette de coudre souple et dur continuent de danser longtemps après. Hors de tout fétichisme, "La guerre des boutons" est un livre à mettre sous tous les yeux enfantins, comme "Zazie dans le métro" et "Le petit prince". Mais je m'égare dans les moutons des autres, là...)

Souple et dur, n'est-ce pas très exactement ce qu'on attend d'un instrument de châtiment ? Même s'il faut chercher le souple dans un long paddle de cuir et le dur dans un épais battoir de bois, pour qu'en fin de compte, peau cinglée et muscles endoloris, les termes de l'oxymore soient réconciliés.

Une baguette de coudre souple et dure... Aujourd'hui, je sais ce qu'est le coudre (un noisetier), mon cul en a taté, il en est sorti tanné, mais je n'ai encore jamais été attachée à un arbre ni fouettée en forêt. C'est sans doute pour cela que tourne dans ma tête comme un mantra kamasutresque cette baguette de coudre souple et dur.



Faire ceinture (il est temps !)

Ben

Au choix, on pourra passer au tipex une partie du message "Pour me/te fouetter quand tu me trompes - avant, après ou pendant." ou laisser cette ceinture signée Ben (oui, c'est devenu plus répétitif que créatif, Ben, mais dans le cadre de mes mauvais goûts assumés, j'aime Ben, il me charme et me fait rire) en l'état.

Comme elle n'est réalisée qu'en 75 exemplaires, comme indiqué ici, rien n'empêche personne de se munir d'une bonne peinture indélébile et d'une banale ceinture en cuir, et d'y cursiver le slogan de son choix. Je me verrais bien (si j'étais dotée d'au moins une main droite) en sigler une "Pour me fouetter parce que nous en avons envie." ou "Pour me fouetter parce que je le vaux bien." "Matin, midi, soir, minuit, fouette cocher !"



A la baguette !

Baguettes

Ceux qui flânent dans cette rue de temps en temps ont bien compris que mon péché mignon consistait à détourner des objets usuels pour en faire des accessoires sm. (Ou alors d'essayer de les fabriquer moi-même/faire fabriquer, au point que j'ai caressé l'idée avant-hier d'ouvrir ici-même une boutique macramé/pompons avec les fiches bricobloguages* envoyées par des sados habiles de leurs mains, n'est-ce pas M. !)

Ce détournement est soumis à une condition, celle de rester dans un minimum de cohérence et d'esthétique. La fessée pantoufle (pour ne pas dire savate), c'est un éteignoir de première classe. Tout cela est évidemment très personnel. La cuiller en bois plutôt que la louche en zinc, la brosse à cheveux plutôt que celle en chiendent, qu'importent les goûts, du moment qu'on a le rouge. Je ne fais pas partie de la brigade des B(dsm)rummel, je ne prêche pour aucune autre paroisse que la mienne.

Je viens donc de faire une petite place dans le sac à malices pour cette paire de baguettes (ni de pain, les seules miches qui tiennent sont les miennes, ni japonaises, les sushis étant réservés au post fessum).

Ayant suffisament filé la métaphore la femme est un tambour et conjugué à tous les temps le verbe percuter, le moment est venu de passer à l'acte.

En avant la zizique ! Tadaaaaaaam !

Grand merci à P. qui m'a assistée dans le choix du modèle.

* Mille grâces, autant d'excuses pour l'avoir oublié et un © soient rendues à P. qui a inventé ce terme avec l'esprit et la verve qu'on lui connaît.



Punition (dans mes rêves)

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Tout ça n'est pas d'une totale clarté, netteté.

C'est juste une image, certainement pas une image juste. Une image injuste, destinée à rester dans le moulin à fantasmes, pour une fois prié de ne pas trop la ramener.

Une image qui en enfante une autre, animée.

Pourquoi celle-ci me trouble plus qu'une autre ? Sûrement pas pour les socquettes, la culotte blanche et tout ce qui veut rappeller l'écolière et la school discipline. Pas même les chaussures dont je possède pourtant un modèle voisin, très après-guerre. L'accessoire cinglant, oui, mais bien moins que d'autres. Le fauteuil, à qui il ne manque que quelques centimètres de bois pour être aussi un carcan. D'ailleurs, je l'ai longtemps vu comme tel, il m'a fallu du temps pour réaliser qu'on pouvait s'en libérer.

Et à partir de ce fauteuil prison, dans cette position confortable et vulnérable, le moulin à fantasmes s'est mis à s'affoler.

Et c'est toujours la même séquence qui en sort, intacte malgré les années de service.
Si un mot devait clignoter au dessus de cette scène, qu'on peut imaginer comme un très court métrage, un flash ou une mise en scène dans une vitrine d'un quartier rouge, ce mot électrique au grésillement de faux contact, c'est punition.

Le coup était tellement violent que j'ai sursauté dans les carcans qui m'entravaient poignets et chevilles. Toi même, emporté par ton élan, en a presque fait un demi-tour. Ou était-ce pour tourner le dos à ma douleur ?

Ce jour-là, il n'était pas question de câlins entre les coups. Seule ta froideur avait rendez-vous avec ma frayeur.

Cela avait commencé il y a déjà un moment. Cela aurait dû être fini depuis un moment aussi. Mais tu ne m'avais amenée là que pour ces derniers coups. Tu m'avais mis la chair à vif, sans un mot, avec méthode, que pour arriver à cet instant où la douleur serait insupportable.

Rivée à cette installation de malheur, ne pouvant à peine tourner la tête, la gorge rauque d'avori déjà trop crié, je commençais à comprendre ce que pouvait être un supplice.

J'ai bondi encore plus fort au coup suivant, dans un hurlement. Sèchement, tu m'as rappelé que la famille, installée à table au rez-de-chaussée, entendait tout.

J'étais au delà de ça mais je me suis mise à grelotter, saisie parla glace malgré le feu que tu faisais pleuvoir depuis... depuis quand déjà ?

Et j'ai rugi au coup suivant, dans un vain soubresaut, soulevant le fauteuil sans m'en libérer.

Physiquement sûrement, moralement je n'en sais rien, jamais je ne pourrais supporter telle dérouillée. Ici, comme dans mes éclairs rêveurs éveillés, elle n'a pas de début, pas de fin, on peut supposer quelque faute fort peu vénielle, quelque dénouement vénéneux. Il n'y a pas de sexe non plus (pour une fois). Il n'y a que de la violence et une envie d'expiation.

C'est une image injuste et insoutenable que j'appelle et tiens à distance en même temps.



Histoire d'eau

Histoire d'eau
Ne dites plus "non, désolée, je ne peux pas, demain j'ai piscine."

Désormais, on peut s'endormir en comptant ses bleus et se réveiller pour aller nager sans crainte de dévoiler à qui n'a rien demandé les secrets de sa sexualité.

Evidemment, le modèle ci-contre est le fin du fin de la haute compétition, et sied peu à la nage du petit chien, mais entre deux maux, choisissons le pire... Dans le cas présent, c'est le ridicule.



Vox populi

Quand j'étais môme, on entendait souvent un rébarbatif "Occupe-toi de tes fesses", autrement dit "mêle-toi de tes affaires", "c'est pas tes oignons", "va voir ailleurs si j'y suis", "si on te demande, tu diras que tu ne sais pas"...

La seule façon que j'ai trouvé de m'occuper de mes fesses (à part l'usage de lait paraît-il hydratant pour éviter que les dites ne ressemblent à un vieux cuir après des tannées mémorables, voire de l'arnica pour pouvoir en reprendre une tournée dans les 72 heures), c'est de demander, de supplier si je le pouvais, "Occupe-toi de mes fesses".
(Ce qui n'est jamais que dans la droite ligne de la menace si tendrement formulée, "je vais m'occuper de toi".)
Parce que s'en occuper seule (à part l'arnica & Co déjà mentionné), c'est pas terriblement jouissif. L'onanisme bdsm, je n'ai jamais réussi. Le bdsm, c'est comme le ping-pong, il faut un partenaire (et les raquettes sont bien utiles quoique légères).

Ça pourrait se chanter, "Occupe-toi d'mes fesses, y ak'ça qui m'intéresse..."

Ça pourrait se dire sur le même ton que "Dis, monsieur, dessine-moi un mouton", "S'il te plaît, occupe-toi de mes fesses".

Ça pourrait se mettre en scène comme les bourgeois de Calais et les clés de la ville, une bobo sans chemise qui remet une cravache.

Alors, tu t'en occupes, de mes fesses ?



Entourage tatouages

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Profitant de la reprise de Tatouage (Irezumi) de Yasuko Masumura (d'après le roman de Tanizaki) et d'une exposition d'Irinia Ionesco à la galerie Benchaieb, j'ai réenfourché mon dada tatouage, celui que je ne caresse que des yeux et de la pensée, mais tout de même, il me colle drôlement au corps en ce moment, celui-là.

Le tatouage, celui qui me fait vibrer, qui me parle, c'est sans doute celui importé de Chine, où il était alors un châtiment corporel.
Je viens juste de l'apprendre, et ça fait diablement sens.

Or donc...

Comme mes images bdsm les plus anciennes viennent soit de la bibliothèque rose (dont on ne dira jamais assez de bien, ni comme elle était bien nommée), soit de la cinémathèque, celles du réalisateur Teruo Ishii recommencent à danser dans ma mémoire dès que la syllabe tat est évoquée. Teruo Ishii (à ne pas confondre avec l'autre Ishii, Sogo, tout aussi recommandable sinon plus en matière de cinéma, mais pas dans le même registre) devrait figurer sur toutes les étagères des japonisants branchés sm. Petit maître de l'ero-gro (érotique grotesque), ce ne sont chez lui que femmes torturées, tatouées, prostituées, frappées, violées, humiliées, écartelées, suppliciées... mais surtout tatouées. Les couleurs crient encore plus fort que les héroïnes et parfois même, les tatouages sont fluo. Ce qui n'a strictement aucune importance, non seulement on peut assez facilement (particulièrement quand on fricote du côté de la maison BDSM Illimited) y trouver son content esthétique, mais encore que les mille et un signes fétichistes embarquent tout. Donc le spectateur.
En tous cas, moi et mes 17 ans, il m'a drôlement emballée. (Au point que je ne suis pas allé revoir ses bobines à L'Etrange Festival dernier, pour garder à ses images ma vision candide, terrorisée, avide et émerveillée d'alors.)

Dire que Teruo Ishii est obsédé est un délicat euphémisme. Un obsédé à côté de lui ferait figure de Oui-Oui. Les titres de ses films (ceux de la période 60/70 en tous cas, la série Joys of Tortures, dans l'ensemble Teruo Ishii serait plutôt un Ed Wood trash) parlent d'eux-mêmes : Femmes criminelles, Orgies sadiques à Edo, L'enfer des tortures...

Plus que des ouvrages érudits, ses films donnent à comprendre les secrets érotiques et rituels du tatouage. Parce que sous la violence, l'outrance, le prétexte historique, l'accumulation, ses films parlent autant à la peau qu'à la tête (plus sans doute à la peau, il n'est point besoin de grosse tête, il vaut mieux même oublier un peu son cerveau, on n'est pas loin de la série Z avec le bonhomme).

Ou alors, c'est parce que j'avais 17 ans et des fantasmes qui ne demandaient qu'à éclore.

Bien plus tard, j'ai toujours envie du tatouage mais sans l'encre. Juste les aiguilles, la douleur, la contrainte, des perles de sang. Je ne crois pas aimer les tatouages, je ne suis pas sensible à un biceps ceint d'un motif tribal, ni d'une peau (fût-elle imprégnée de saké, merci Ishii pour cette information, fût-elle de la plus belle femme du monde) comme de la soie à peindre. J'aime l'idée de ces piqûres affolantes, de la peau comme une page et du corps comme un roman à venir, j'aime que ce puisse être une punition. Surtout ça.

Le plaisir, au matin, de contempler les marques laissées la nuit même par un ardent dominamant est un substitut de tatouage, éphémère, sans aiguille, mais conçu dans ce mélange de souffrance et de jouissance, celui que l'on voit sur le visage des héroïnes d'Ishii ou de Masumara. Une grande mystique n'arrive pas à la cheville de ces regards extatiques.

A voir aussi, au musée Dapper, Signes de corps

A guetter, le définitif La femme tatouée de Yoichi Takabayashi



Ça va mieux en le disant (La vérité sort de la bouche des dicos)

BAB2005

(in Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction de Alain Rey)



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L'oreille
Juke Boxabrac
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La peau
Présentation

presque moi
aller Si j'expose mon verso, c'est pour le plaisir d'être jouée. Le masochisme est mon moyen de transport amoureux. Même si parfois je pleure... c'est de vie qu'il s'agit. Et quand tu me fais mal, j'ai moins mal.

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Les mots
Flash-back
À lire
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L'oeil
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