Chaises musicales

On l'aura compris, aux chaises-femmes, et même aux femmes-chaises, je préfère la femme sur chaise (comme on dit diamant sur canapé).
J'aime être cette femme sur ces chaises, objets à la fois usuels, fantasmatiques et facilement détournables.

Quant à la musique, c'est bien évidemment celle qu'émet la femme faite instrument (du léger rire de bonheur au jappement de douleur), stridulences stimulées par les accessoires sonores de son supplice. (Message personnel : je t'en supplie, supplicie moi ainsi).

Les violoncellistes grand-siècle l'avaient bien compris.

Au commencement était le tabouret, d'ailleurs parfois, Tam-tam est son nom, mais celui-ci diabolo de plastic, manque d'assise et de stabilité. Je lui préfère le Dagobert, sur quoi on se met le cul à l'envers ou le haut modèle de bar qui laisse la jambe dans toute sa belle longueur.

L'etnique ne manque pas de chic, et d'Afrique au Japon, de maharadjah en scribe, la forme papillon se décline du rayon antiquité au désign le plus contemporain. C'est d'un frippon sous la sobriété...

Quand bien même mécréante, loin des choses de toutes les églises, je dois bien avouer que le prie-dieu bénéficie d'une forme qui met le diable au corps. On en chine facilement dans les brocantes et les vide-greniers. S'il faut sauver la face, en attendant d'exhiber la fesse, une bible des Gédéons négligemment posé sur le rebord égarera la belle-famille. Les invités partis, c'est la volontaire victime qui pourra y lire des pages libertines.

Dans certaines campagnes, la chaise se vanne en noisetier, alternative au rotin. Les élégantes ne manqueront pas de jouer la carte du total look, branche de noisetier sur fauteuil du même bois, et canne pour le meuble Pier Import, à moins de faire l'inverse, toutes les propositions sont acceptables. Du moment que ça cingle.

Pour rester dans le champêtre, l'aspect festif et primesautier du fauteuil à bascule est trop souvent négligé, la main ou un paddle de bois donneront la poussée nécessaire à un balancement coquin. (Le cas-échéant, prévoir sa Nautamine.)

Les sièges ergonomiques semblent surtout prévus pour une bonne fouettée, tant ils sont accueillants à qui les entreprend face contre terre. Si la correction est trop bonne (sonnante et trébuchante donc), prévoir impérativement de caler les roulettes. Un accident domestique est si vite arrivé, je n'ai pas envie de jouer à la femme bélier. D'autant que je suis taureau.

Certaine a la chance de posséder une belle chaise escabeau qui permet moult fantaisies dont je rêve tellement fort que ce n'est même pas la peine de vous les raconter. Une autre (Pierrette Gonseth-Favre) a sculpté cette étonnante et effrayante armure de bronze.

Du plus ancien au plus contemporain, cette chaise table surréaliste avant l'heure, avant la machine à coudre et le parapluie sur la table de dissection, qui si elle n'était pas objet de musée ferait le siège carcan de rêve, trois trous et zou ! et cette, heu, chose qui flatte la feignasse que je suis puisque non seulement elle est accueillante comme tout mais permet aussi au bourreau de s'asseoir (et ce quelque soit le côté qu'il réserve à sa victime).

Confort pour confort, voici mon préféré, car j'avoue sans honte, même si en son temps H. me le reprochât beaucoup, aimer recevoir fessée, cravache, bambou and Co dans la position la plus douillette, de manière à ce qu'aucune dureté parasite ne me détourne de l'essentielle douleur, celle qui brûle et apaise, celle qui transporte et épuise.

Et pour attacher, toujours la chaise... Le noeud de chaise, bien sûr, qui est réalisable d'une seule main. Pour les non marins et autres novices ès ligatures, voici la marche à suivre.

Allez, tous en chaise !