Nous avons été invités à une fête dans cette maison, peut-être en Angleterre, peut-être sur la côte en face, du côté de Dinard, de ces manoirs gothiques à qui le ciel bas et gris va bien. Il y a du monde, de la musique, un air de fête et peut-être quelques fantômes.

                  

Je m'échappe dans la bibliothèque, grande pièce vide de monde, pleine de livres, de fauteuils et divans de cuir, éclairée par un feu de cheminée et deux petites lampes seulement. Je n'allume pas plus, l'effleure les rayonnages, et je tombe en arrêt devant "La servante punie". Je le sors, l'ouvre au hasard, c'est un de ces ouvrages légers et SM, pas forcément bien écrit mais bourré de ces descriptions qui me font rêver. Le nez dans les pages, le sexe qui commence à battre et à couler, je vais jusqu'au canapé, pour continuer d'y lire, couchée sur le côté, les cuisses serrées, les serrant de plus en plus, spasmodiquement, pour faire naître le plaisir comme quand j'étais enfant, sans même avoir besoin de ma main.

Je suis au bord de l'orgasme quand je t'entends dans mon dos. "Alors petite chienne, tu te frottes sans moi ?" Je ferme le livre, le glisse sous un coussin comme une enfant en faute, j'ai honte, je marmonne 'importe quoi d'inintelligible. Tu me redresses rudement, "Que lisais tu ?" "Rien... un truc... s'il te plaît". Je suis écarlate, nous partageons pourtant bien des secrets mais là, je me sens prise en flagrant délit. "Montre moi ce livre !" Impossible de te résister, je sors le livre, te le tends sans oser te regarder. Tu souris en douce, et reprends ton ton péremptoire "A quel passage en étais tu ?" Je tente à nouveau un bafoullis. "Vite !"

J'ouvre le livre, tu t'en saisis, de l'autre main, tu me prends par le cou et me conduis vers le bureau. Tu ouvres le livre à la page où la femme au dos dénudé se faisais fouetter par son maître dans la grange, tu me penches sur la table, le nez sur le livre ouvert, et tu remontes ma robe si moulante que je ne porte rien en dessous. "Lis" ordonne tu "et quoique je fasse, ne t'interromps jamais. Et que je t'entende clairement." "S'il te plait, ferme au moins la porte à clé." "Tu plaisantes ! Je serai ravie que des invités profitent du spectacle. Je vais d'ailleurs te faire crier dans ce but." Je commence à lire, tu arpentes la pièce, j'essaie de voir tout en lisant ce que tu fais, je te perds, je baisse parfois le ton, et soudain, j'entends le sifflement bien connu et redouté d'une canne. Tu joues dans l'air avec la canne, je tressaille, ma voix aussi, mais je continue à lire, même quand le premier coup s'abat. Je sais que tu t'amuses de ce supplice, de me voir me dresser sur la pointe des pieds même quand le coup cingle juste l'air, tu m'entends crier (le moins fort possible tant j'ai peur d'attirer les autres, heureusement, ils ont bu et il y a de la musique) entre deux syllabes, tu frappes deux fois de suite à l'endroit le plus tendre, là où les fesses rejoignent les cuisses, mon ton s'éteint, d'un coup encore plus sec tu me rappelles à l'ordre, et quand je crois que je vais vraiment défaillir, n'en plus pouvoir, je sens tes hanches contre mon cul, et ta queue dans mon sexe trempé, tu n'y restes que le temps de l'y mouiller, tu me baîllones avec ta main et tu m'encules, fort, vite, profond.

Ensuite, ma robe remise en place, nous sommes retournés nous mêler aux autres, souriants, riches d'une nouvelles complicité, ton foutre ruisselant sur mes cuisses.