Volte face (Ou volte fesse ?) mercredi 12 mai 2004
Aucun des événements ici relatés n'a réellement eu lieu, même si les personnages sont authentiques, ainsi que les sentiments. Ce texte a été imaginé à la demande amicale de Mademoiselle Manon, à qui, en matière scripturale, je ne sais rien refuser.
Ce qu'il y a de bien avec les hommes, c'est la lourdeur confiante de leur sommeil. Tu ne fais pas exception à la règle. Abandonné, le souffle profond, un pied à portée de Hoggar, pas grand chose sauf l'heure que ton horloge interne connaît par coeur ne saurait te réveiller. Alors, un matin naissant, la tentation a été trop grande, et j'ai profité de ce que nous nous étions endormis sans démonter les liens et bracelets qui m'avaient écartelés. Presque sans y croire, avec un luxe de précautions dignes d'une Musidora réplicante, j'ai enfermé ton poignet gauche, puis le droit, en couvrant ton bras de baisers pour faire diversion. C'est couchée sur ton corps, obstacle dérisoire, que j'ai attaché pareillement tes chevilles. Faisais-tu encore semblant de dormir ou étais-tu enfoncé dans le sommeil profond de celui qui, la veille, s'est agité comme un beau diable pour me donner tant de plaisir.
A nouveau allongée sur toi, mon sexe sur tes fesses, ma bouche dans ton cou, je t'ai massé avec mon corps, dauphine sans eau, mimant un coït dérisoire, je manque d'arguments, qui s'il ne te violait guère me procurait une excitation certaine. Tu étais bel et bien réveillé alors, même si tu gardais encore un pied dans la torpeur nocturne. Tu as marmonné quelque chose. Une interrogation ? L'expression d'une surprise ? Un ordre ? Je me suis décollée de toi, j'ai embrassé ton cul. Je l'ai caressé, pétri, mordillé, il avait la même douceur que ta peau, il était un peu plus pâle, il était ferme et souple, je ne pouvais en détacher mes mains. Jamais je n'avais aussi bien compris pourquoi on nomme les fesses des miches. Tant élastiques. En vérité, j'avais envie, l'idée me poursuivait depuis des années déjà, d'inverser les rôles. Non point que je me sois trouvée une composante domina, mais j'étais surexcitée à l'idée que cette correction que j'allais te donner se retourne en punition contre moi. Je te l'ai dit à l'oreille, je t'ai dit qu'au delà de ce que je ressentais de trouble et de douce transe à l'idée de te donner un aperçu de ce que je recevais, ce qui me transportait le plus était la pensée de ta vengeance, les mots inexorables et inflexibles me ravissaient, non pas au centuple, mais au moins au décuple, quelque soit le temps que cela prendra.
Je ne sais pas où j'ai trouvé la force de lever la main sur toi, le geste était incongru, contre ma nature. Les premiers coups étaient mous, les suivants beaucoup moins. Je te fessais, peau contre peau, avec enthousiasme. Je te relaxais toujours par mille attentions suaves, avec gourmandise et délicatesse. Je suis allée, dès que ta chair avait pris un ou deux tons de roses, enfoncer ma langue dans ton anus aussi loin que je pouvais, te suçant la rosette comme une goule.
Comme un peu ivre, je me suis relevée, et j'ai laissé tomber une nouvelle volée de claques avant que mes mains ne s'aventurent et ne découvrent, avec un plaisir immense, la réalité érigée de ta fièvre.
Doucement, de nouveau rivée à ton oreille, entre des centaines de baisers, je t'ai demandé si je pouvais continuer avec la cravache, avec les martinets, avec la canne qui sait. Et tu m'as souri, cherchant ma bouche de tes lèvres et de ta langue. Comme toujours, tu m'as répondu "Ce que tu veux".
J'ai pris la cravache, de son extrémité plate je me suis amusée à rougir centimètre par centimètre ce derrière qui se tenait fièrement bombé, à peine rétracté par de minuscules spasmes, sous les coups. Je me suis enhardie, j'ai frappé plus fort, tu t'es contracté plus souvent, je flattais tes couilles de la main, avant de repartir, transportée par quelque chose que je ne connaissais pas. J'ai laissé sur ta croupe les marques écarlates de la cravache, et les perles pourpres des martinets divers. J'ai caressé ton cul comme jamais auparavant, je l'ai léché sur chaque rougeur un peu vive, j'ai exploré ses tréfonds, je m'en suis occupée de toutes les manières dures ou douces, comme depuis des mois, tu t'occupais de tout mon corps. J'ai perdu le sens du temps, bien que tout ça ait dû aller plus vite que dans ma mémoire.
Et je dois avouer que ce n'est pas la douleur que tu ressentais peut-être, sûrement, qui était mon moteur, mais ce que j'imaginais de ce que seraient la mienne quand tu prendrais ta revanche. J'étais dans un étrange jeu de miroir où, la main à la pâte, au panier plutôt, je mettais en scène mon propre châtiment. J'étais le metteur en scène qui t'explicait la scène. Je ressentais chaque coup que je te donnais. J'en frissonnais. Ton excitation, plus la mienne par anticipation, et la mienne sur le moment, et la tienne en devenir, m'envoyaient dans une exarcerbation des sens en tous sens, une sixième dimension comme on dirait un sixième sens. J'étais si prêt de toi et complètement ailleurs en même temps. Je ne sais pas combien je t'ai fait souffrir, combien je t'ai excité, la tête dans l'oreiller, à peine si j'ai entendu quelques gémissements quand, affolée par mon audace, j'ai eu la main un peu lourde. Je voulais croire que tu aimais, mais que jamais tu ne me demanderais de recommencer. Je me suis couchée sur toi, une dernière fois, j'ai frotté ma motte à tes fesses chaudes, j'ai essayé de me fondre dans ton corps, j'ai mordu tes épaules, léché tes aisselles, j'ai détaché tes poignets d'un seul geste.
Au moment où j'allais vers tes chevilles, j'ai soudain pris la mesure de ce qui venait de se passer, une décharge d'adrénaline m'a parcourue, traversant mon ventre au moment où je libérais tes pieds. Je n'osais plus te regarder, j'avais juste envie que sans un mot, les coups pleuvent sur moi, sans attendre. J'ai fermé les yeux, je me suis coulée contre toi, je me suis mise en position, je t'ai supplié de me frapper, fort, je t'ai dit que j'avais jamais autant eu envie d'être battue.
Je t'ai aussi dit que tu avais un beau cul.
Et je n'ai plus rien dit, parce que je criais grâce dès les premières secondes.
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Par Bricabrac / Publié dans # Les mots des maux
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