Hier soir, je me suis couchée seule, dans le manque de toi. Pour accompagner mes caresses de solo girl, je me suis racontée une histoire avec des grands morceaux de toi dedans, pour une fois, je te manipulais (ou bien le fais-je tout le temps, d'une cambrure invitation ou d'une main tétanisée ?)

Profitant du nouveau canapé baroque, et d'un vieux fantasme à deux balles, je me voyais basculée sur le velours pourpre, la tête contre l'assise, le buste collé au dossier et les jambes dans le vide. Très vite, tes genoux et tes cuisses m'ont immobilisée, une main me maintenant la taille pour faire jaillir les fesses plus rondement. De l'autre main d'abord, tu m'as divinement caressée et je crois que j'aurais pu facilement me contenter de passer les trois prochaines heures dans cette position certes escarpée mais si comblante.

Mais nous le savons, sous les coups je rêve de caresses, et sous les caresses, je me bombe, je tends la croupe, ma chair implore les coups que ma bouche, dernière pudeur, n'ose encore réclamer (j'ai failli dire ordonner). Comme avec un battoir dirigé par un métronome, tu m'as saoulée de claques brûlantes et bienfaisantes.

Jusqu'à ce que soudain, une douleur profonde et sourde me fasse sursauter, les jambes en chandelle et le cerveau en panique. Je ne pouvais voir quel était l'instrument de cette barbarie et de ce bonheur, la souffrance irradiant longtemps le corps, faisant son chemin dans des muscles dont j'ignorais l'existence, et terminant toujours comme une impalpable stimulation d'un clitoris qu'on aurait pu croire oublié de toutes les attentions et qui me faisait me plaquer au divan, à la recherche de quelque contondance (dont chacun sait que les divans sont dépourvus, à moins d'en chevaucher les accoudoirs, et encore, mais je m'égare comme d'habitude et l'heure n'est pas au raisonnement mais à la résonnance).

J'avais oublié à quel point ces grosses cuillers sont mordantes. Les paddles peuvent se rhabiller et les brosses à cheveux retourner faire leurs cent coups dans les cheveux des donzelles. La cuiller géante est un supplice, et je m'y suis abandonnée, mes cris se perdant dans le capitonnage et mes jambes dansant seules une gigue de tous les diables et d'un seul saint, Guy, le fameux agité.

Comme il s'agissait d'une rêverie masturbatoire, tu m'as donné bien plus de coups que deux fesses pourraient en supporter sans se transformer en steak tartare, et j'ai joui.

Ce matin, quand tu es venu me rejoindre, me tirant d'un sommeil dont tu avais peuplé les rêves également érotiques, je t'ai murmuré au creux du cou et de l'oreille, pour que tu ne me voies pas rougir, mes imaginations de la veille.

Quand dans les minutes qui ont suivi, tu m'as traînée autant qu'entraînée vers le canapé, j'ai eu bien plus mal que dans mon fantasme, et si mon cul n'a pas rivalisé en hautes couleurs avec le rouge si sombre de cette couche, tes caresses m'ont transportée dans un ciel bien plus étoilé que les miennes.