Tu devais venir à la maison partager avec moi les résulats des élections. La soirée s'annonçant peut-être amère, sans doute fastidieuse, je me suis demandée comment mettre un peu de smfestivité dans tout ça.

En guise de plateau-télé, j'ai préparé sur la table nos jouets préférés, affectant à chaque instrument l'étiquette d'un parti. La cravache au PS, le paddle de bois au FN, une de tes ceintures à l'UMP... J'ai gardé les plus blessants, les plus cinglants, le fouet made in Barcelone par exemple, pour les partis marginaux.

Le temps d'échanger ma tenue de jardinière du dimanche contre quelque chose que tu pourrais préférer, et tu étais là.

Je t'ai donné les estimations. Sans faire la sourde oreille, tu as ôté touts les post-it, tu les as mélangés, et au hasard (vraiment au hasard ?), tu les as réaffectés, sans m'autoriser à jeter un coup d'oeil sur cette nouvelle donne. Sans me bander les yeux non plus.

20 heures, les premiers résultats confirment les estimations. Tu as monté le son de la télévision en prévision du concert privé que je risquais d'entamer, et tu m'as basculée sur le dos du canapé, la tête dans les coussins, la robe par dessus tête, les fesses en premier plan, ton premier plan, ton plan de travail. Tu m'as fait compter les coups de cuiller en bois jusqu'à 40. J'étais bien plus rouge que le graphique d'i-Télé à qui je devais cette excitante et cuisante mise en oeuvre des résultats. Bayrou aurait-il apprécié de savoir qu'un martinet de latex servait à scander le pourcentage de son parti ? Très vite, j'ai oublié la politique, la démocratie, pour n'être plus qu'à l'écoute de ce douloureux et délicieux métronome, qui égrenait jusqu'au fatidique 100 des coups de cuir, de bois et de bambou.

Tu ne m'as pas laissé me reposer, tu n'as pas repris les caresses précises que tu me prodiguais entre chaque session sonore, je gémissais encore, autant de douleur que d'attente du plaisir. Tu m'as demandé de te donner les résultats d'Aquitaine. J'en étais bien incapable.

Alors, tu m'as retournée sur tes genoux, enserré mes poignets et de la paume de ta main libre, enveloppante et implacable, tu m'as assené le taux d'abstention en guise de punition.

Et puis tu m'as portée très tendrement jusqu'à la chambre, tu m'as allongée, tu m'as sèchement ordonné d'écarter les jambes, et tandis que je craignais que les votes blancs et nuls ne s'abattent sur mon sexe offert, c'est ta bouche qui s'est approchée pour lui dire des choses douces et parfois mordantes.

Bien plus tard, la télé n'était plus qu'un bruit de fond, sans sens. Et tandis que je m'assoupissais, épuisée par ces flagrants sévices et délices, des flammèches rouges et noires dansant devant mes yeux, tu m'a dis "Je n'ai pas touché tes seins mais demain, il faudra regarder de plus près les résultats de l'arrondissement."