Le tambour est une femme... Jérôme Savary a titré ainsi un spectacle autour de Duke Ellington. La proposition s'inverse sans problème, la femme, enfin, certaine femme, est un tambour. Elle peut se faire djembe si les mains de son amant l'inspirent et si ce dernier a la paume aussi résistante que rythmée. Si l'amant s'arme de cravaches ou de bâtons, elle sera taiko alors. Résonnances.

Mais pourquoi ne serait-elle pas piano, allongée sur une table, d'une raideur feinte, laissant des mains inquisitrices la parcourir en des gammes frappées, jusqu'à obtenir d'elle des sons du râle le plus grave au cri stridulent, l'art étant de trouver l'harmonie. Sur le dos ou sur le ventre, peau tendre ou tendue, rebondie ou repliée, pour une polyphonie de douleur et de plaisir.

Elle pourra aussi se faire section de cordes à elle seule, pour un marin moins Corto qu'as du bondage, violoncelle peu conventionnel (te souviens-tu de cette photo de Man Ray, Kiki en violoncelle, deux clés de fa qui donnent envie de tomber sur le do(s), je suis toute ouïe...) ligotée pour un voyage vers des rivages japonisants, sa peau supportera-t-elle la lueur et la cire écarlates des bougies ? Une fois détachée, enveloppée dans des bras si grands, souple et rompue, elle est harpe, pincée au plus creux des côtes.

Et puis nous irons aux bois, noisetiers ou bambous, saule tortueux pour faire pleurer.

Je vous laisse imaginer tous les instruments que j'ai oubliés.