Vous vous êtes penché, j'ai senti, par air interposé, le poids de votre corps, votre présence qui s'approchait. D'une main, vous avez relevé mes cheveux, vous en avez entouré vos doigts pour immobiliser ma tête, et en un rien de temps, le chaud de votre souffle et de vos lèbres a été remplacé par l'aigu de vos dents. J'ai courbé l'échine pour vous offrir plus de prise.

La marque de vos dents imprimée, de votre main prison, vous avez légèrement tiré, tourné ma tête, pour vous poser au plus fragile du cou, vampire de jour, et je me suis retenue de crier.

Un peu plus loin, vous avez trouvé mon épaule, plus ronde, plus ferme, plus pomme, plus facile à mordre à pleines dents.

J'ai ronronné.

Vous avez eu envie d'aller là où le sein caresse l'aisselle, mais pour cela, il aurait fallu me retourner, et j'aurais vu votre visage.

Vous avez lâché mes cheveux, laissant votre main ouvrir le chemin à votre bouche, éclaireuse indiscrète.

Alors, vous avez musardé entre mes côtes, tailladant ma taille de votre gourmandise cannibale, jusqu'à atteindre ces fesses à qui vous aviez promis dix doigts, deux mains, du cuir et mille autre sévices, mais l'heure était à la bouche et aux canines. J'ondulais vers vos dents pour aussitôt tenaillée tenter de ne pas bouger pour ne pas accroître la douleur.

Une douleur qui dessinait le chemin de ma nuque à mes reins, le chemin de vos dents, qui descendaient allègrement, trouvant morceaux de choix sur ma cuisse, ne dédaignant pas, malgré la courbe contraire, le creux poplité tant apprécié dans les kama-sutra un peu chinois, chair discrète et secrète, toute de fossettes et de frissons.

Vous étiez au mollet que je coulais, noyée de plaisir et de désir, mais le chemin des dents n'en était pas à sa moitié.

En me croquant l'orteil, plus nerveux que docile, vous m'avez retournée. J'ai fermé les yeux, tandis que collé à mes jambes, vous entrepreniez une ascension mordante, laissant des empreintes symétriques dans l'intérieur de mes cuisses, sur mon ventre, avant de vous jeter avec un appétit féroce sur mon pubis qui implorait un peu d'attention.

Ce fut comme si une armée d'incubes s'attaquaient à mon ventre, vos coups de dents étaient rapides, secs.

À peine s'ils se sont émoussés sur la chair fragile de mes seins, dévorés jusqu'à ce que leur pointe devienne dure et écarlate.

Les carotides, une envie de jouir.

Quand ma bouche s'est retrouvée dans votre bouche, enfin, j'ai ouvert les yeux. Je ne l'ai pas vue, bien sûr, mais une goutte de sang a maquillé d'incarnant nos lèvres réunies.

J'ai sucé cette bouche bourrelle, je l'ai mordillée à mon tour, et je vous ai enlacé pour la première fois.